Après quelques jours de silence (mais toujours plus de visites !! On voit que ce sont les vacances ;)…), cela repart avec un bon coup de pédale et l’édito d’Hervé Bellut, un peu matheux sur les bords ! :o… Laurence
Source : Buscyclistes.org Editorial mars 2012
Il suffit de passer quelque temps auprès de certains feux tricolores en ville pour constater que bon nombre de cyclistes ont une approche pour le moins « adaptée » du code de la route. Penchons-nous sur la question.
Côté cycliste. S’arrêter à un feu et repartir lorsqu’il passe au vert est fatigant. Nous apprenions à l’école que l’énergie cinétique est fonction du carré de la vitesse (E=½mv²) et dans ce domaine, l’expérience est bien plus convaincante que la théorie. Passer de 20 km/h à 0 puis relancer est vite pénible. D’où la grande tentation de passer, prudemment bien sûr, ledit feu rouge à vitesse modéré et en vérifiant l’absence de danger de cette pratique. Cela est bien compris aux Pays-Bas, où on trouve des pistes cyclables avec les feux tricolores synchronisés sur les cyclistes et non les automobilistes, qui n’ont qu’à appuyer sur l’accélérateur pour redémarrer.
Côté automobiliste. Le code de la route a été mis en place pour sécuriser les déplacements des automobilistes que la vitesse transformait en engins potentiellement mortels. On constatera d’ailleurs que ce code n’était pas nécessaire avec des moyens de locomotion plus lents.
Côté sociétal. Lors des assises de la mobilité, à Toulouse en juin 2008, un sociologue a présenté l’évolution de la pratique du vélo sur cette ville. Il avait clairement identifié trois phases concernant notamment les couloirs de bus. Lorsqu’ils ont été créés, ils étaient interdits au vélo. Des cyclistes ont bravé cette interdiction et se sont fait verbaliser. Dans un second temps, la municipalité a fermé les yeux, puis cette pratique est devenue officiellement autorisée.
J’étais dans l’assemblée, et je réalisai alors que j’avais circulé à vélo à Toulouse à l’époque et que, obéissant sagement à la loi, j’avais manqué l’opportunité de faire évoluer la législation, là où d’autres, plus audacieux, ont contribué à faire bouger les choses.
A Shanghai, les deux-roues ne s’arrêtent pas au feu. Ils passent, lentement et prudemment, alors que les autos attendent le feu vert. Cela se traduit par une circulation apaisée. En effet, les automobilistes ralentissent au feu vert, par crainte d’écraser l’éventuelle petite vieille qui pourrait traverser doucement ce carrefour à vélo.
A bien y réfléchir, cette question de l’arrêt au feu pour les cyclistes, qui semble avoir tant de difficulté à être respectée, interpelle. En effet, quel usager de la route est le plus dangereux entre l’automobiliste qui roule à 50 km/h et s’arrête au feu, ou le cycliste à 20 km/h qui passe prudemment ce carrefour. Le premier respecte le code de la route et le deuxième pourrait être verbalisé. Mais au regard du gamin qui surgit de derrière un obstacle pour aller chercher son ballon dans la rue, il n’y a pas photo.
La question n’a pas fini de faire débat.
Concluons simplement par la réaction de ce cycliste interpelé par un automobiliste sous la forme « vous, les cyclistes, vous vous croyez tout permis. »
Sa réponse a été du style : « Oui, je vois de quoi vous parlez, et je comprends votre jalousie. Ce que je vous propose, c’est que dés demain vous preniez vous aussi un vélo à la place de la voiture pour pouvoir, en toute discrétion et prudence, vous octroyer certains privilèges inaccessibles en auto ».
Une auto en moins, un vélo en plus, ça fait plus de sécurité, moins de pollution sonore et atmosphérique etc. … Bien vu.
Bonne route, à vélo
Hervé Bellut, Directeur de l’Organisation Bus Cyclistes
N.B. Ce texte ne représente en aucun cas une incitation à ne pas respecter le code de la route, mais au contraire à s’intéroger sur les moyens à trouver pour qu’il le soit. On peut citer comme exemple certaines autoroutes cyclables aux Pays-Bas où des détecteurs permettent de faire passer le feu des cyclistes au vert à leur arrivée.