Voilà une belle évolution pour la capitale héraultaise, avec des tramways de toutes les couleurs ! Et surtout, une belle offre de multi-modalité ! 🙂 Laurence
Source : Innov’In the City, par Elsa Sidawy, le 12.04.2012Montpellier inaugure son réseau de tramways en étoile
Après trois ans de travaux, qui ont entrainé un nombre incommensurable de fermetures de rues et d’embouteillages fleuves, les Montpelliérains ne sont pas rancuniers. Les flashs crépitaient à l’approche des tramways bariolés des deux nouvelles lignes, inaugurées simultanément à Montpellier vendredi 6 avril. Un petit incident sur le réseau le matin même est à peine venu écorner le déroulé des festivités.
Après les lignes 1 et 2 aux hirondelles et aux fleurs psychédéliques de Garouste et Bonetti, les livrées des nouveaux tramways misent sur le chic, avec Christian Lacroix aux manettes. Le « gentil monstre marin » de la ligne 3 et la ligne 4 brodée d’or et de bijoux, ont d’ailleurs été qualifiées par le New York Times de « tramways les plus sexy d’Europe ».
Principale nouveauté : la conduite à vue sur le secteur de la gare
Si la création de ces deux nouvelles lignes de tramway donne enfin la possibilité aux habitants de cette agglomération de 420 000 habitants de se rendre au centre-ville et près du littoral, la principale innovation réside dans un maillage du réseau en étoile savamment étudié. La ligne 4 notamment trace un périphérique autour de la ville centre en empruntant les tracés des deux premières lignes et se raccorde en différents points aux trois autres lignes, en direction des quatre points cardinaux de l’agglomération. Principale difficulté ? La zone de la gare, véritable nœud gordien du réseau, où se croisent les quatre lignes et où a eu lieu l’incident le matin de l’inauguration. Les fréquences à l’heure de pointe sur chacune des quatre lignes conduisent au passage d’une rame toutes les 35 secondes sur cette zone restreinte, soit une centaine par heure. Autant dire que la signalisation ferroviaire utilisée actuellement à Montpellier – comme sur l’ensemble des réseaux français – n’est pas suffisante pour assurer la sécurité des piétons et des voyageurs, pressés d’aller prendre leur train. Afin de permettre l’exploitation de cette zone, l’agglomération, la TaM (Transports de l’agglomération de Montpellier) et l’entreprise Transamo ont développé de nouveaux principes de signalisation ferroviaire basés sur le principe de la priorité à droite à chaque intersection : les conducteurs doivent donc conduire « à vue », à une vitesse limitée à 10 km/h. Pour anticiper les incidents, l’ensemble des 350 conducteurs de tramway de la TAM ont par ailleurs été formés sur un simulateur de conduite innovant, le premier du genre en France, permettant aux traminots de se confronter à 75 scénarios de conduite différents.
98 % de recyclabilité
Du côté du matériel, c’est Alstom qui a fourni les nouvelles rames. La promesse ? Un matériel recyclable à 98 %, ce que propose déjà son concurrent Siemens, notamment avec l’Inspiro, prochainement installé à Varsovie. Autre atout du tramway, prôné dans toutes les villes qui se raccrochent à ce moyen de transport dans le vent : la diminution du bruit en ville, avec un niveau sonore inférieur à 5 dB, soit quatre fois moins important que le bruit généré par le trafic automobile.
Côté développement durable toujours, Montpellier Agglomération a installé en mars 2011, 89 ombrières photovoltaïques sur les parkings d’échange du tramway de Castelnau-le-Lez. Pour un coût de 6,35 millions d’euros, 7 364 m2 de panneaux photovoltaïques, qui couvrent 540 places de stationnement, devraient produire une puissance cumulée de 1 240 MWh/an sur 20 ans, soit les besoins annuels en énergie de 450 foyers.
La modernisation du réseau a également entrainé la rénovation de quartiers, qui pour certains, ont intégralement été rendus aux piétons.
Dernière subtilité : la signalétique à bord du tramway indique les autres moyens de transports disponibles aux différents arrêts, des stations d’auto-partage aux bornes de vélos en libre service. Un plus appréciable pour favoriser l’intermodalité.
Avec ses 23 km de lignes supplémentaires, l’agglomération table sur une augmentation de la fréquentation de 22 % dès ce printemps. Si la ville communique volontiers sur sa politique de mobilité durable, elle ne renie malgré tout pas complètement la voiture, en poursuivant l’extension de son réseau routier, à l’image de cette quatre voies en chantier au nord de Montpellier. Soit à proximité immédiate de la future ligne 5 – actuellement en concertation. Transports en commun – voiture : la guerre continue.
Le tram et la mobilité douce à Montpellier
- 56 km de voies et 7 communes périphériques
- 4 lignes interconnectées à 30 lignes de bus
- 83 rames au total (deuxième réseau de France après Paris)
- 12 parkings d’échange offrant 5 000 places (gratuits pour les abonnés TAM)
- 50 stations Vélomagg’
- 25 stations d’autopartage Modulauto
- Fréquentation du réseau de transports en commun : 67 millions de voyageurs
- 23 km de pistes cyclables
Les lignes 3 et 4 de tramway en chiffres
- Coût total : 530 millions d’euros (369 millions Montpellier Agglomération, 82 Etat, 50 Région Languedoc-Roussillon, 28 Département de l’Hérault)
- Fréqentation attendue : 300 à 350 000 voyageurs / semaine
- Maître d’ouvrage : Montpellier Agglomération
- Maître d’ouvrage délégué : Transports de l’agglomération de Montpellier (TaM) / Transdev
- Maître d’œuvre : EGIS Rail, A. Garcia-Diaz, A. Peter Egis Eau, Egis Aménagement
- Matériel roulant : Alstom
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