Voilà une étude bien intrigante de prime abord … Mais à s’y pencher d’un peu plus près, on en comprend mieux les aboutissants… Laurence. En détails :
Source : www.greenworking.frEt si le présentéisme était plus néfaste que l’absentéisme
Publié le 27 novembre 2012
D’’après le quatrième baromètre publié par le cabinet de conseil Alma Consulting Group, le taux d’absentéisme n’a jamais été aussi bas en France que depuis 2007. L’enquête, réalisée auprès de plus de 400 000 salariés de 241 entreprises, révèle que les français ont été absents au travail seulement 14 jours en 2011 contre 15 en 2010. Faut-il pour autant se réjouir d’une telle baisse ? Apparemment pas. Zoom sur un phénomène ravageur au travail qui inquiète chercheurs et professionnels de la santé.
Le présentéisme est le fait de rester jusque tard au travail, même si l’on a parfois fini ses tâches quotidiennes tôt dans la journée. Il est également souvent qualifié de « démission intérieure » par les médecins du travail. En effet, si le salarié est physiquement présent, il est psychiquement absent. Or cette présence traduit davantage un désengagement de sa part qu’une réelle motivation. Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si le taux d’absentéisme a fortement chuté depuis 2007. L’une des causes du présentéisme serait en effet la crise économique. Craignant de perdre leur emploi, les salariés ont tendance à s’imposer des horaires difficiles voire insoutenables pour s’assurer une bonne « visibilité » auprès de leurs patrons comme de leurs collègues.
Or les conséquences de tels comportements sont ravageuses en entreprise, aussi bien pour la santé des salariés que pour les performances de l’entreprise.
Côté entreprise, un salarié trop présent, loin de lui rapporter quelque chose, lui coûte des pertes considérables, plus encore que s’il était absent. Si l’absentéisme coûte chaque année 550 000 euros à une entreprise de 320 salariés, les coûts engendrés par le présentéisme s’élèvent, eux, jusque 2 millions d’euros. Selon le docteur Philippe Rodet, les salariés trop présents ne sont pas concentrés sur leurs tâches donc ne sont pas productifs et désorganisent grandement leurs équipes. Au Royaume-Uni par exemple, les coûts des jours perdus attribués au présentéisme ont été, selon une étude menée en 2009, 1,5 fois plus importants que ceux causés par l’absentéisme.
Côté salariés, les médecins tirent la sonnette d’alarme puisqu’ils voient dans le présentéisme une cause majeure de risque pour la santé des salariés. En effet, se rendre sur son lieu de travail lorsque l’on est fatigué ou malade est source de fatigue émotionnelle, de stress et alimente le mal être au travail. Le corps médical s’entend pour dire que deux jours de congé maladie pour qu’un salarié se repose valent mieux que six mois de dépression.
Reste à souligner que le présentéisme est un phénomène bien français. En effet, dans les pays nordiques notamment, travailler jusque tard est synonyme d’inefficacité au travail et est plutôt mal perçu par les directions. Au contraire, rentrer tôt montre que l’on est une personne équilibrée et organisée. En France, les mentalités évoluent, lentement. Les entreprises semblent saisir l’importance de lutter contre le présentéisme : la SNCF a d’ailleurs sur le sujet un train d’avance puisqu’elle a déjà signé un accord avec les syndicats afin de combattre le présentéisme.